Guerre Russie-Ukraine : Pourquoi le Sénégal est impacté ?
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- La crise Russie-Ukraine, quel est le vrai impact sur le Sénégal?
L’économie du Sénégal vit de l’importation. Concernant le blé, la Russie est le deuxième fournisseur de blé au Sénégal.
La famine au Sahel et en Afrique de l’Ouest n’est plus qu’une simple hypothèse. En dépendant fortement des céréales russes et ukrainiennes, la famine pourrait encore s’aggraver et toucher 38,3 millions de personnes d’ici à juin faute de mesures appropriées, précise la Fao. Pendant que l’Occident et la Russie se rejettent mutuellement la responsabilité sur l’origine de cette crise alimentaire, des pénuries de céréales susceptibles de créer des émeutes de la faim sont redoutées au Moyen-Orient et en Afrique.
Le Sénégal qui dépend fortement de la Russie pour ses importations de blé – Moscou est son deuxième fournisseur après la France – n’est évidemment pas épargné. Globalement, la Russie est l’un des trois principaux fournisseurs du Sénégal ces trois dernières années avec la France et la Chine, souligne Abou Kane, professeur agrégé en économie et Assesseur (vice-doyen) de la Faculté de sciences économiques et de gestion (Faseg-Ucad). L’autre inquiétude concerne une potentielle rétention de stock des deux pays en conflits (l’Ukraine et la Russie). Ce qui va contribuer à faire augmenter les prix du blé sur le marché. Dans le même temps, l’Indice Fao des prix des huiles végétales a bondi de 23,2%, porté par la hausse des cours de l’huile de tournesol, dont le premier exportateur mondial est l’Ukraine. Les prix des huiles de palme, de soja et de colza ont eux aussi enregistré une hausse marquée en raison de l’augmentation des prix de l’huile de tournesol et du pétrole brut. Des craintes concernant une baisse des exportations de ces denrées en Amérique du Sud ont également contribué à la hausse des prix de l’huile de soja.
Le riz épargné pour le moment par la flambée
La bonne nouvelle, si l’on peut dire, concerne le riz dont le Sénégal est également un grand importateur, principalement d’Asie. En effet, en mars, les tendances contrastées en ce qui concerne le riz de différentes origines et qualités ont peu fait évoluer l’Indice Fao des prix du riz depuis février, lequel reste donc à un niveau inférieur de 10% par rapport à celui enregistré un an auparavant.
L’autre facteur ayant contribué à cette hausse des prix des denrées alimentaires c’est la hausse du prix du pétrole. « La Russie étant le deuxième producteur mondial de pétrole (si l’on exclut les Etats-Unis) et le premier producteur mondial de gaz naturel, il est tout à fait compréhensible qu’une crise de cette nature perturbe les cours mondiaux, car un pays en guerre a tendance à garder sa production pour gérer d’éventuels embargos ce qui provoque une baisse de l’offre sur le marché, qui entraîne une flambée des prix », analyse Abou Kane.
De façon générale, toute hausse des intrants entraîne une hausse des prix de vente. « Dans la situation actuelle, l’énergie est le principal intrant de la production des biens vendus sur le marché ; si son prix augmente (ce qui est le cas), on peut s’attendre à ce que les prix des denrées de première nécessité grimpent », ajoute-t-il.
Selon Oumar Seck, fondateur et Pdg du cabinet Emerging Africa Consulting et expert du secteur pétrole et gaz, la flambée du prix du pétrole est « une terrible nouvelle » pour les entreprises et les consommateurs, et fondamentalement aura un impact négatif de plus en plus prévisible sur l’inflation. Pour ne rien arranger à la situation, la Chambre internationale de la marine marchande (ICS) a mis en garde au début du conflit contre une perturbation des chaînes d’approvisionnement « si la libre circulation des marins ukrainiens et russes était entravée ».