Au Sénégal, quand les préfets jouent à la partialité politique excessive

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- Depuis quelques temps, les autorités censées mettre de l’ordre sont accusées être les maîtres du désordre. L’intervention des Gendarmes agissant sur ordre du préfet de Mbour contre le cortège du leader de Pastef, Ousmane Sonko, remet au goût du jour le débat sur la posture de certains administrateurs civils. Prompts à sévir contre les responsables politiques de l’opposition sous prétexte de risque de trouble à l’ordre public, les préfets sont pourtant souvent inactifs quand il s’agit des manifestations impliquant des responsables du pouvoir en place.
Le « némékou Tour » (tournée politique) d’Ousmane Sonko, entamée s’est mal terminée avec son cortège dispersé à coup des tirs de grenades lacrymogènes de la Gendarmerie alors qu’il rendait des visites de proximité à des proches, des guides religieux et des responsables de son parti. Dans une déclaration diffusée sur les réseaux sociaux quelques heures après, le leader de Pastef est revenu sur les faits qui ont précédé l’intervention en force des Gendarmes positionnés dans les croisements et autres lieux stratégiques menant vers Joal. Il a expliqué que peu avant les tirs, un officier de ce corps brandissant une réquisition du préfet de Mbour demandant de maintenir et de rétablir l’ordre dans la période du 16 au 23 octobre, était venu jusque dans le salon du presbytère où il s’entretenait avec le Curé de la paroisse pour lui demander de quitter les lieux. Il faut dire que cette situation mettant en scène un excès de zèle de l’autorité préfectorale du département de Mbour n’est pas une première au Sénégal. D’ailleurs, la plupart des tensions politiques notées dans notre pays ces dernières années sont alimentées soit, par le comportement peu républicain de certains administrateurs civils et autres commissaires de Polices ou chefs de brigades de Gendarmerie nationale soit, par les réactions à géométrie variable du procureur de la République.
Le leader de Pastef n’est pas la seule victime du zèle de certaines autorités préfectorales. Au mois de juillet dernier, Dr Abdourahamane Diouf et la coalition AAR Sénégal qui étaient en tournée politique à l’intérieur du pays dans le cadre de la pré-campagne pour les législatives prévue à la date 31 de ce même mois de juillet, avaient eux-aussi vu leur campagne de distribution des flyers stopper sur instruction de l’autorité administrative. « Nous sommes à Tambacounda. Ce que nous faisons, c’est le contact, une visite de proximité et discuter avec les gens. Nous avons une bonne délégation qui distribue nos flyers. Le parti au pouvoir est en train de le faire. Toutes les coalitions le font. C’est le commandant qui m’a interpellé dans un premier temps, et nous a demandé d’arrêter. Je lui ai dit que nous ne pouvons pas arrêter parce que nous sommes dans nos droits. Nous n’avons pas médiatisé, nous avons juste distribué des flyers. Il m’a dit de lui donner 5 minutes, il va appeler le commissaire. Quand ce dernier m’a appelé, il m’a dit que c’est le préfet en personne qui l’a appelé pour nous demander d’arrêter », avait déclaré Dr Abdrahmane Diouf.
Il faut préciser que cette rigueur des préfets ne s’applique qu’aux opposants du régime du Président Macky Sall. La preuve, le dimanche 9 octobre dernier, le chef de l’Etat, au volant de son véhicule sans ceinture de sécurité, s’est offert une petite balade de mise en scène dans la commune de Wakhinane Nimzatt sans être inquiété. En compagnie de la Première dame, Marième Faye Sall, le chef de l’Etat, dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, a même profité de cette petite promenade de santé pour échanger quelques mots avec ses militants qui l’invitaient à briguer une troisième candidature au motif de celle-ci était d’une demande sociale.